Intel reçoit 5,7 milliards de dollars du CHIPS Act : vers une nouvelle ère des processeurs américains
Intel a franchi une étape décisive pour son avenir : la société vient de percevoir 5,7 milliards de dollars de subventions, dans le cadre du CHIPS and Science Act. Cet accord, conclu sous l’administration Trump, place Intel au cœur de la stratégie américaine de relocalisation industrielle et d’indépendance technologique. Désormais, l’État américain détient 10 % d’Intel, tout en restant minoritaire, garantissant la neutralité budgétaire et la stabilité du groupe.
Selon David Zinsner, directeur financier d’Intel, cet apport financier va permettre à l’entreprise d’éviter la levée de fonds sur les marchés, de protéger sa trésorerie, et de rassurer à la fois ses partenaires et ses clients stratégiques. C’est un signal fort adressé à l’écosystème technologique mondial, alors que la guerre des semi-conducteurs fait rage entre les grandes puissances.
Le CHIPS Act vise à soutenir la production nationale de puces électroniques, limiter la dépendance à l’Asie, et sécuriser l’approvisionnement pour des secteurs vitaux : data centers, cloud, IA, automobile, défense… Pour Intel, cela ouvre la voie à des investissements massifs sur les chaînes de production les plus avancées au monde.
Renforcement de la division Foundry et maintien du contrôle
Cette subvention cible en priorité la division Intel Foundry Services (IFS), le pôle fonderie d’Intel qui fabrique des puces pour ses propres besoins mais aussi pour d’autres grands acteurs du marché. Si certains spéculaient sur une scission de la division, Intel a confirmé maintenir une participation largement majoritaire, en organisant toutefois une gouvernance séparée pour gagner en agilité et compétitivité.
Cette structure hybride doit permettre à Intel de rester un acteur central, capable de rivaliser avec TSMC et Samsung sur le marché des fonderies, tout en conservant la main sur ses innovations-clés.
Accélération sur les technologies 18A et 14A : la réponse américaine à TSMC
L’un des enjeux principaux concerne le passage aux nœuds technologiques 18A et 14A, des procédés de gravure ultra-fins qui permettront de produire des puces toujours plus performantes et économes. David Zinsner a souligné des avancées « encourageantes » sur le rendement du 18A, à l’approche de la production de masse (High Volume Manufacturing), tandis que le PDG Lip-Bu Tan affiche sa confiance sur le 14A, destiné aux prochaines générations de processeurs haut de gamme.
Parmi les innovations attendues, la puce Panther Lake reste en tête d’affiche : la première version arrivera fin 2025, avec une montée en puissance courant 2026. Suivront les architectures Nova Lake et Coral Rapids, pensées pour booster à la fois les performances, la sécurité et la consommation énergétique, tant pour les PC que pour les serveurs.
Marché : Intel veut rassurer et reconquérir
Face à un léger ralentissement de ses ventes sur les marchés grand public (PC et serveurs), Intel mise sur l’innovation et sur le soutien de l’État pour regagner la confiance des grands comptes et accélérer la relocalisation de la chaîne d’approvisionnement. La présence active de l’État américain dans le capital pourrait aussi faciliter les contrats publics et l’accès aux appels d’offres stratégiques.
Ce partenariat public-privé est appelé à devenir un modèle pour toute l’industrie électronique mondiale.
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